08 – Une traversée du col de Burat dans la douleur (1/2)

 

Ce 25 octobre 1943, le groupe de Paul est à Marignac. Ils sont seize hommes dont les trois guides, Bordes, Félix et un passeur espagnol, trois femmes et Josette, la fillette de 11 ans.

Il ne doit pas être loin de minuit lorsque le groupe s’élance. Le passage à proximité d’un poste allemand se fait sans encombre, grâce à la vigilance des passeurs. Le groupe progresse, chemine à vive allure sous le couvert de la forêt, sur des sentiers de montagne de plus en plus escarpés, à la faveur de l’obscurité. Une pluie drue gêne considérablement leur avancée : le sol est glissant, les ravins tout proches.

Peut-on imaginer, nous qui réalisons ce même parcours, de jour et bien équipés, l’inquiétude et la fatigue qui pouvaient étreindre le groupe, à l’affût du moindre bruit indiquant la proximité de patrouilles allemandes ?

La discrétion oblige en effet les évadés à cheminer de nuit, sans éclairage, pour éviter de se faire repérer. Pour les mêmes motifs, les fuyards sont habillés en civil. Cet équipement inadéquat pour progresser en haute montagne s’avère particulièrement problématique pour les femmes, généralement habillées de bas et chaussées de souliers à talons.

La marche est longue, les haltes brèves. Lorsque le jour commence à poindre, le groupe est déjà épuisé. Le pic du Burat se dessine, auréolé d’un superbe manteau blanc. Mais les guides semblent soucieux, et hâtent les évadés de reprendre le chemin. C’est que le temps s’est très vite détérioré et bientôt, la pluie laisse place à la neige…

Zoom sur : les dangers de la traversée

La surveillance accrue des patrouilles allemandes est un danger de tous les instants. Mais pas seulement. Le principal danger réside sans doute dans les évadés eux-mêmes, qui ne sont que très rarement des familiers de la haute montagne et de ses conditions extrêmes. C’est qu’il s’agit d’emprunter des passages parfois à flanc de précipices, de serpenter par les cimes, parfois en se frayant un passage dans la neige qui arrive jusqu’aux genoux. Paradoxalement, plus l’itinéraire est impitoyable pour les fugitifs, plus il leur garantit une certaine sécurité, les patrouilles allemandes ne s’y risquant que rarement.

De plus, les groupes, comme celui de Paul Mifsud, sont très hétérogènes : certains fuyards se fatiguent plus facilement et ralentissent le cheminement des autres, mettant en péril l’ensemble de la ligne.

Ainsi, sur l’ensemble des Pyrénées, au moins 2 200 fugitifs auraient trouvé la mort, victimes de la montagne ou tués par les patrouilles allemandes.

Un cruce del paso de Burat en el dolor (1/2)

Este 25 de octubre de 1943, el grupo de Paul está en Marignac. Son dieciséis hombres, entre ellos los tres guías, Bordes, Félix y un pasador español, tres mujeres y Josette, la niña de 11 años.

Es casi la medianoche cuando el grupo emprende el camino. El paso cerca de un puesto alemán se efectúa sin problemas gracias a la vigilancia de los pasadores. El grupo camina rápidamente al amparo del bosque por senderos de montaña cada vez más empinados, luego protegido por la oscuridad. Pero una lluvia recia va a dificultar considerablemente su avance: el terreno es resbaladizo y los barrancos están cerquita.

¿ Podemos imaginar, cuando efectuamos este mismo recorrido de día y bien equipados, la inquietud y el cansancio que podían apoderarse del grupo al acecho del menor ruido que indicaba la proximidad de patrullas alemanas ?

La discreción obliga a los evadidos a caminar de noche, sin luz, para evitar ser detectados. Por los mismos motivos, están vestidos de paisanos. Este equipo inadecuado para progresar en alta montaña resulta especialmente problemático para las mujeres que suelen llevar medias y zapatos de tacón.

El camino es largo, las paradas breves. Al despuntar el día, el grupo ya está agotado. Aparece el pico del Burat , resplandeciente con su magnífico manto blanco. Pero los guías, muy preocupados, obligan a los evadidos a seguir caminando ya que el tiempo ha empeorado, y pronto la lluvia se convierte en nieve…

Zoom en : los peligros de la travesía

El aumento de la vigilancia por las patrullas alemanas es un peligro constante. Pero no sólo. El principal peligro radica sin duda en los propios fugitivos que muy raras veces están acostumbrados a la alta montaña y a sus condiciones extremas. En efecto deben tomar senderos a veces bordeados de precipicios, serpentear por las cumbres, a veces abriéndose paso con la nieve hasta las rodillas. Paradójicamente, cuanto más arriesgado es el itinerario para los fugitivos, más seguridad les garantiza, ya que los alemanes pocas veces patrullan por estas zonas.

Adamás, los grupos, como el de Paul Mifsud, son muy heterogéneos : algunos fugitivos se cansan más fácilmente y retrasan a los demás, poniendo en peligro al grupo.

Así pues, en toda la Cordillera, al menos 2 200 fugitivos habrían muerto, víctimas de la montaña o matados por las patrullas alemanas.

A painful crossing of the Burat mountain pass (1/2)

On the 25th of October 1943, Paul’s group is in Marignac. There are sixteen men including the three guides, Bordes, Felix and a spanish smuggler, three women and Josette, the 11 year-old girl.
It must be around midnight when the group sets off. They pass near a German post without hindrance, thanks to the vigilance of the smugglers. The group progresses, moving at high speed under the cover of the forest, on increasingly steep mountain paths, hidden by the darkness. A heavy rain considerably hinders their progress: the ground is slippery, the ravines close by.
Can we imagine, those of us who are doing this same path, in daylight and well equipped, the anxiety and the tiredness that could weigh on the group, on the lookout for the slightest of noises indicating the proximity of German patrols.
Discretion forces the escapees to travel at night, without lighting, to avoid being spotted. For the same reasons, the escapees are dressed in civilian clothes. This equipment, which is inadequate for progressing in the high mountains, is particularly problematic for women, who are generally dressed in stockings and heeled shoes.
The walk is long, the breaks short. When the sun begins to rise, the group is already exhausted. The Burat peak comes into view, haloed by a beautiful white coat. But the guides seem worried, and hasten the escapees to keep on walking. It’s that the weather got bad very quickly and soon enough the rain gives way to snow…

Zoom on : the dangers of the crossing

The increasing surveillance of German patrols is a constant danger. But not only. The main danger undoubtedly lays in the escapees themselves, who are rarely familiar with the high mountains and their extreme conditions. They have to make their way along precipices, meandering through the peaks, sometimes making their way through knee-deep snow. Paradoxically, the more ruthless the route for the fugitives, the greater the security it provides, as German patrols rarely take the risk.
Moreover, groups, like Paul Mifsud’s , are very heterogeneous: some fugitives tire more easily and slow down the progress of others, putting the whole line at risk.
Thus, in the Pyrenees as a whole, at least 2,200 fugitives were reported to have died, victims of the mountains or killed by German patrols.